Liban en colère N°1

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  • Publication publiée :13 mars 2020
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Le Liban est en cessation de paiement. Son peuple est dans la rue. L’Iran et la Syrie sont à sa porte et tentent de le contrôler via le Hezbollah, et autres milices financées bien à propos. Les Palestiniens l’ont envahi. Il est en guerre technique avec Israël qui en a annexé un petit morceau du côté du Golan, et envoie des drones armés sur Beyrouth sud. Cela fait beaucoup ! La liste n’est pas exhaustive, mais suffit grandement à empêcher le pays et surtout la population de se vautrer dans le développement et l’harmonie. Le Liban est devenu le symbole du clivage : les diplomaties internationales, en bafouant sans vergogne le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en portent une grande part de responsabilité.

La crise est le quotidien du peuple tandis que les pays environnants se disputent les restes d’un pays à la croisée de l’Orient et de l’Occident, berceau de quelques civilisations. A peine se relève-t-il de la guerre que se réveille la récession flanquée de l’épidémie du siècle. La perle du Proche-Orient aurait pu être la Suisse d’Orient, elle est le jouet de grandes puissances aux ambitions sécuritaires, qui ne cachent même pas leurs projets mercantiles.

Pour bien utiliser le jouet, il faut un mode d’emploi, des tests sur les populations, des ventes d’armes, des plans juteux de reconstruction et surtout de solides ancrages dans la haine pour entretenir la guerre civile. Le temps est une composante essentielle : plus cela dure, plus la notice d’utilisation est susceptible de se dissoudre dans l’histoire. La manipulation peut se poursuivre et la haine couler à flots.

Nous y sommes, tous les ingrédients sont réunis : la chrétienté et sa religion d’amour qui se perd dans ses croyances et alliances divergences, l’Islam victime de la division entre sunnites et chiites et ses luttes de pouvoir, un Président Syrien qui massacre son peuple, deux peuples qui défendent leur droit à exister. Ce petit monde s’est donné rendez-vous au Liban qui croyait en l’accueillant vivre la paix de la réconciliation. La révolution du Cèdre en 2005 avait libéré le peuple du joug de l’envahisseur. La majorité des Libanais, comme elle avait raison, voulait le départ du Syrien, récupérer les fermes de Cheeba volées par l’Israélien du côté du plateau du Golan, désarmer le Hezbollah, régler le sort des prisonniers. Fort de 44% des suffrages à eux deux, un document d’entente, entre le Courant Patriotique Libre du Général Aoun et le Hezbollah dès 2006, appelle au dialogue, au consensus démocratique, à la consolidation de l’indépendance et de la souveraineté du pays. Mais il y est question, d’intégrer le Hezbollah à l’armée libanaise et de désigner clairement l’ennemi et les alliés, de restaurer des relations diplomatiques avec la Syrie et de renouveler la solidarité du Liban pour la cause palestinienne.

Cet accord pour le moins singulier est dénoncé par l’alliance dite du 14 Mars majoritaire (56% des suffrages), et soutenue par les États-Unis et leurs alliés. Le gouvernement de l’époque contrairement à l’usage ne comptera pas dans ses rangs de représentants du CPL. Le Hezbollah entre au gouvernement brièvement, pour en sortir en 2006. Il faudra deux ans pour en constituer un nouveau qui ne durera qu’un an. L’instabilité sur fond de crise constitutionnelle est bien installée. A suivre…

Philippe Herbaut le 13/03/2020

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