Rumba en gare de Lyon

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  • Publication publiée :1 mars 2020
  • Commentaires de la publication :2 commentaires

Une star de la rumba congolaise a provoqué à son corps défendant des troubles graves à l’ordre public aux abords de la salle de spectacle dans laquelle il se produisait. Des voitures incendiées, des scooters partis en fumé, une gare évacuée, des lignes de Métro et de RER perturbés, une cinquantaine de garde à vue et du travail pour les policiers et les pompiers qui n’en manquent pas en ces temps troublés.

Des opposants congolais réfugiés en France ou Français d’adoption ou les deux en même temps étaient en colère contre le chanteur accusé de collusion avec le président congolais et son prédécesseur, tous deux grands amateurs de démocratie mais avec la modération qui sied aux sages. Démocrates certes mais sans fanatisme si l’on en croit les déchainements médiatiques relatant de nombreuses exactions commises sur les millions de réfugiés et de déplacés dans le pays.

Rien de bien grave, la routine en quelque sorte si l’on compare avec un samedi de gilet jaune. D’ailleurs BFM TV n’a pas consacré la soirée à cet événement, c’est un signe. Dommage, on aurait pu découvrir que le Rwanda avait sponsorisé le concert, et que la manifestation avait été menée contre le président Rwandais lui-même démocrate avisé. Pour un peu on donnerait raison à cette opposition aux régimes sanguinaires qui poussent sans engrais des tropiques à l’équateur.

Ce n’est pas chez nous, heureusement ! Mais la République démocratique du Congo regorge de métaux rares en particulier dans la zone du Kivu ravagée par une guerre qu’entretiennent le Rwanda et l’Ouganda pour la suprématie de l’exploitation minière. L’intérêt que porte la communauté internationale à la zone des grands lacs n’a pas l’odeur du pétrole. L’or que l’on extrait n’est pas noir. Ici on lui préfère le coltan et le cobalt, métaux rares dont on équipe nos smartphones.

Revenons aux opposants congolais qui manifestent sur le sol français pour que l’on entende leurs revendications. Ils ont bravé l’interdiction car cette manifestation n’était pas autorisée. Selon Amnesty international le droit de manifester ne devrait pas être soumis à une autorisation préalable car devoir demander une autorisation pour manifester ses opinions a un effet dissuasif trop fort et limite donc l’exercice de cette liberté fondamentale.

Or le droit de manifester est consacré à l’article 11 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme : “toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association”. C’est clair : oui à la manif non aux incivilités. Trivial certes, mais en France se développe une théorie de la protestation fondée sur la violence et non sur le dialogue. Ainsi, la violence devient un attribut de la protestation et son contenu venant au second ordre s’ôte à lui-même son propre objet. Réapparaissent les vieux démons du pouvoir au bout du fusil.  

Les pouvoirs publics vont devoir professionnaliser l’encadrement de ces manifestations pour s’assurer de la sécurité des personnes et des biens. Une approche plus axée sur la médiation que sur le LBD ou le tonfa et des commandos pour lutter contre les black blocks. Tellement facile à dire !

Philippe Herbaut, le 01 mars 2020

Cet article a 2 commentaires

  1. Guyot-Sionnest Jean-Pierre

    Bravo Philippe. Je ne te savais pas aussi prolifique. En fait, je découvre le contenu de tes oeuvres super bien documentées.
    Félicitations et bonne continuation, bien sûr. Meilleur souvenir.
    JP Guyot-Sionnest

    1. Philippe

      Merci JP,
      toi et moi avons vu dans ce monde tant de belles histoires! Cela valait la peine d’en conter quelques morceaux choisis
      bien amicalement
      Ph

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