Madame, Monsieur les politiques
«Je m’adresse à vous femmes et hommes politiques qui avez pour ambitions de gouverner notre pays et sacrifiez vos propres intérêts à ceux de la Nation. Je souhaite vous rendre hommage car votre talent a fait de la France ce grand pays où il fait si bon vivre. Un ami outre-Rhin me dit souvent qu’il se porte bien et qu’il est comme Dieu en France. Je vous remercie du fond du cœur que l’on puisse, malgré quelques difficultés bien passagères, conserver un modèle de société que le monde entier nous envie. »
Voilà ce que j’aurais aimé vous dire, mais nos médias semblent ne pas être en accord avec cette vision angélique. Bien modeste électeur, il me faut tenter de comprendre ce que vos programmes prévoient et l’analyse qu’en font nos talentueux journalistes.
Je dois vous avouer que parvenir à faire la part des choses, relève de la gageure, d’autant que ceux à qui l’on pouvait faire confiance se révèlent être de fieffés coquins selon la rumeur entretenue par les dits journalistes. Leur code de déontologie aurait du nous en préserver mais comme la Justice des hommes n’est plus si indépendante qu’elle le dit, chacun peut se vautrer dans la luxure des secrets de l’instruction bafouée autant qu’il convient. Tout ce passe comme si journalistes et magistrats avaient conclu un accord temporaire pour perpétrer des assassinats politiques en toute confiance, au nom du droit et de la justice. Cette alliance des 3ième et 4ième pouvoir mène un combat pour un monde où règne la loi supérieur de sa justice. Alliance éphémère qui sert bien mal son objet en affaiblissant le premier pour permettre la subsistance du second.
De là vient, la première difficulté bien passagère dont il est question: l’autorité de l’Etat est battu en brèche lorsque le Législatif, l’Exécutif et le Judiciaire sont en rupture ou que l’un des trois utilise les deux autres à son profit. La nation est éclatée en une multitude de communautés d’intérêts qui vivent dans leurs propres lois et agissent pour leur propre avantage. Elles inventent de nouvelles valeurs qui justifient leurs misérables ambitions.
Bien modeste électeur, j’ai vainement cherché dans vos programmes ce qui pourrait clairement vous démarquer les uns des autres et plus spécifiquement du populisme des extrêmes. Vous avez inventé ce mot pour éviter de vous interroger sur les raisons du succès de ses thèses. Vous refusez de comprendre cette défiance du peuple pour les institutions nationales et internationales dont les extrêmes se font le chantre. Le premier tour de l’élection présidentiel de 2017 révèle la montée inexorable du populisme. Vous savez que les bulletins de vote de près de 50% des électeurs ont exprimé le niveau arithmétique de votre déclin. Restent les 50% qui s’étripent sur des valeurs nées d’une époque qu’une pseudo-révolution populaire a trahi dans le sang.
Le Chômage et la sécurité ne devraient pas faire l’objet de politiques de droite ou de gauche, c’est bien pourquoi on ne lit pas de différence dans les programmes de chacun, on ne voit pas non plus d’ailleurs qu’elles soient capables d’endiguer ces fléaux. Les discours dans les innombrables meetings d’une campagne permanente servent à égratigner l’adversaire du jour voire d’éreinter l’équipe précédente. La République dont ils ont porté les valeurs ne devrait pas laisser sur le chemin d’ambitions personnelles, la cohésion du peuple français. Les mesures ou mesurettes Piètre satisfaction, on y écoute avec intérêt de ces petites phrases qui font rougir historiens et philosophes tant la marque démagogique y est prégnante. Vos desseins nationaux font place à de sordides calculs partisans.
De là vient, la deuxième difficulté bien passagère dont il est question: contraint par l’Europe, les traités internationaux, la crise économique et la puissance des blocs américains, russes et chinois, vous condamnez la France à ne plus être qu’un de leur vassal. Bien modeste électeur, j’ai vainement cherché des propositions pour l’avenir de la France. Vous avez certainement confié à vos « think-tanks » préférés le soin de réfléchir à des projets de grandes envergures. Terra Nova, le Grand Orient de France, l’Institut Montaigne par exemple ne semblent pas avoir réussi à emporter vos convictions. Est ce par manque de courage que vous ne livrez pas à vos partisans la vision que vous avez de l’avenir de votre pays ? Craignez vous que les changements qu’il convient d’opérer pour projeter la France dans le monde de demain, soient d’une telle ampleur qu’ils ne puissent faire l’objet d’une communication. Laisserez vous le génie français se noyer dans la soupe médiatique? Marquerez vous votre gouvernance par un abandon de la souveraineté à des commissaires européens ? Au contraire emmènerez vous la France côte à côte avec ses partenaires, vers une Europe capable de constituer une puissance économique et sociale de premier ordre ? Rien dans votre programme n’en décide. De là vient, la troisième difficulté bien passagère dont il est question: vous n’êtes pas capable de rassembler plus du tiers de l’électorat parce que vous ne lui parlez pas de ce qu’il veut entendre. Il vit ses difficultés et n’a pas besoin de vous pour les comprendre. Donnez lui de quoi voir plus loin que le quotidien, de quoi voir au delà de l’horizon.