4e de couverture : Copie non-conforme

Un arsenal de modèles enfermants: est ce vraiment ce que nous laisserons à nos héritiers?

Plutôt que citoyens du monde, seront ils la pâture de leur communauté ? Ils inventent de nouvelles valeurs à leur génération, faute d’être capable de s’identifier à une écrasante pagaille de références indéchiffrables.

Leur souffrance n’est qu’effet collatéral pour les uns, opportunité pour les autres.

Ce livre n’est pas un constat de la dimension irrationnelle de la planète, mais une supplique pour ne pas engloutir notre démocratie dans la soupe des marchands.

Lecteur promène-toi selon ton humeur dans cet ouvrage où l’on encense ou égratigne, les politiques, la finance, les médias, les marchands… Suis le plan ou bien ouvre le chapitre qui rencontre ta curiosité, tu trouveras un message d’espoir et pourquoi pas une solution.

Copie non-conforme – extrait

Le droit des femmes

Qu’elle était belle Louise, enfant du seigneur, comblée de beaux enfants, béate aux côtés d’un homme qui la partageait avec Dieu.

On lui avait pris son enfance, on l’avait dirigée, bien élevée et co-pieusement délaissée. Son éducation rigoureuse parmi les servantes de Dieu avait cultivé un charme que son âme refusait: la soumission. Comme dans les contes de fées, elle avait rencontré celui qui lui en donnerait le salaire et la sortirait de ces lieux où la pensée même du plaisir et de l’amour est interdite. Innocente, on lui donnait l’accès à la belle société, on lui disait comment se comporter, comment faire des enfants, beaucoup d’enfants, comment les éduquer dans la foi pour que son maître la voit, obéissante, sur le strapontin qu’il lui réservait. Elle, enjouée, éternelle adolescente, donne à ses enfants l’amour qu’elle n’a pas reçu. Le maître a bâti de la brillante lumière divine, le clan dont il la rejette jour après jour parce que la vie n’est pas faite de plaisir ou de beauté. Seul l’enseignement du père guide les enfants sur le chemin vers Dieu.

Oui, mais un jour ce que Dieu lui avait donné, Dieu lui reprend : un enfant. La très belle Louise est terrassée par la douleur. Un mal horrible envahit son corps et son cœur et ne la quitte plus. Elle croit mourir de chagrin, son maître ne lui accorde que l’espace de la foi en la résurrection. Alors Louise s’abandonne à un jet de lumière que Dieu envoie dans son âme. Elle travaille, a des amis, des relations, elle s’éloigne petit à petit de ce monde fabriqué par le maître.

Un jour fatiguée d’entendre qu’elle ne vaut rien hors de la communauté, elle fait ses valises quitte brutalement le domicile du parfait, divorce, respire. L’homme de Dieu, n’est plus le maître. Lui qui a fait de sa vie un don à la religion et à ses fidèles ne se rend pas compte qu’il a blessé profondément l’un d’entre eux.

Il ne peut l’imaginer car la formidable harmonie, qu’il a construite pas à pas, s’en trouverait brisée. Il transforme son chagrin en colère. Il ne laissera pas une seule brèche s’entrouvrir qui mettrait en péril l’œuvre de sa vie. Louise est boutée hors du temple. Les enfants de sa chair en sont instruits. Si bien que le jour du mariage de l’un d’entre eux, il va s’assurer que la mère ne puisse apparaître que discrètement, cachée au monde. Il va tout faire pour que le bonheur de son enfant ne soit pas entaché par la présence exposée de la génitrice.

« Si je vous garde Louise en place C’est en cuisine, pas devant moi. Ma fille, priez très fort pour que s’efface Ce que l’curé m’a appris là.» (Gérard Berliner)

Personne ne se préoccupe des larmes de Louise. Elle accepterait tout pour que sa véritable création, son enfant, conserve le sourire qui fleurit ses lèvres à l’évocation de l’amour de sa vie.

Cette histoire est vraie hier et aujourd’hui. Rien n’a profondément changé sauf la vilénie et l’abjection grandissante qui prennent à coup sûr, chaque jour un peu plus, la place de la compassion et de l’amour.

Un conte de fées en forme de cauchemar. De la lumière aux ténèbres le pas est franchi, comme pour décider que l’enfer c’est maintenant. Des deux mondes en conflit, l’un a pris la clé de la connaissance; il n’est pas entré et ceux qui entraient, il les en a empêchés (Lc 11,52). L’autre, loin d’être retenu par l’obscurité qui l’environne, a peut-être, de sa propre main retiré le bandeau de sur ces yeux. Elle a sans doute montré que l’on peut vivre bien hors de la cruauté, de l’arrogance et de l’égoïsme.

Louise, toute dévoilée, vous êtes si belle, isolée, boutée hors du sérail, de la communauté : martyr de son inconséquence, de sa perversité.