Mauvaise manière

Depuis 3 ans, la guerre en Ukraine occupe les médias et le petit monde du paysage audiovisuel qu’ils aimeraient gouverner. Pourtant, ce n’est pas ce que l’on attend du quatrième pouvoir. Le conflit fournit à de jeunes gens bien sous tout rapport la possibilité de variations à l’infini sur les stratégies des grands de ce monde. Pour cela, coqs déplumés ou minois d’anges disposent d’une foule d’experts en tout, et particulièrement en politique et en manœuvres tactiques militaires.

Chaque jour, la situation se clarifie, juste avant qu’un expert n’affirme exactement le contraire. Les chaînes d’info déroulent le conflit, aux heures d’info continu comme une série Netflix : saisons à rallonge, rebondissements prévisibles, cliffhangers.

On dit que les États-Unis tiennent les rênes, que la Russie mène la danse, et que l’Europe est un acteur décisif. Les uns fournissent des armes, des armées, d’autres des armes et des mots. Les complexes militaro-économiques, comme les nommait le bon président Eisenhower, sont sollicités à n’en plus pouvoir.

Il y aurait bien un autre acteur, l’Ukraine : après tout, c’est sur son territoire que se déroulent les massacres. Selon le cas, c’est une noble victime héroïque, ou bien ses dirigeants sont des pantins à la solde de leurs protecteurs. Pas de panique : les deux versions se tiennent, puisqu’on les sert à cinq minutes d’intervalle.

L’Ukraine n’appartenant pas encore au monde occidental et la Fédération de Russie n’ayant aucune intention de le rejoindre, on se moque éperdument du nombre de morts sur le théâtre des opérations. Presque un million de victimes depuis le début du conflit : pas de quoi susciter le courroux de nos chefs de guerre et l’énervement des médias occidentaux. De toute façon, les victimes ne servent que de statistiques utiles pour meubler les débats. C’était déjà le cas pour les dizaines de millions de victimes du communisme.

La France, qui a une conscience des risques que génère l’attitude du président russe, souhaite que l’Europe se prépare à résister à l’envahisseur. L’OTAN aurait dû assurer cette fonction : protéger l’Occident. Mais, les bailleurs de fonds américains ont tari la source. L’organisation ne serait donc plus qu’une coquille vide, disent les Européens et les Anglais, pour une fois d’accord entre eux. Il ne reste que quelques figures étoilées qui pensent encore s’opposer aux menaces que l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne exerce sur le bloc russe.

Voilà la magie du discours médiatique : chaque phrase est tranchée, définitive, incontestable, jusqu’à la suivante.

Loin des plateaux où s’entrechoquent les certitudes, la guerre en Ukraine est moins un feuilleton télévisé, qu’une mécanique bien huilée, conséquence d’intérêts américains et russes bien pesés.

Yalta 1945, Staline sort grand vainqueur de la conférence en Crimée. Roosevelt, en échange du soutien soviétique pour terminer rapidement la guerre dans le Pacifique, concède à Staline la suprématie du bloc soviétique sur l’Europe de l’Est.

Le président américain comprend que l’influence des États-Unis dans le monde passe par le contrôle de la manne pétrolière. Il veut également s’assurer de la sécurité des communautés juives, en vue de la création d’un état israélien. Il embarque sur le cuirassé Quincy et rencontre notamment le roi Saoud d’Arabie Saoudite, à qui il garantit la sécurité du royaume. Les deux présidents suivants, Truman et Eisenhower, installent l’influence des États-Unis sur le monde.

Cette politique se poursuit jusqu’à l’arrivée du président Trump. Celui-ci préfère un engagement diplomatique avec Poutine à un conflit armé. Il ne croit plus à l’OTAN, il le claironne, dont il assure à lui seul ou presque le financement.

Berlin 1989, Poutine, agent du KGB en poste à Dresde, assiste impuissant à la chute du mur. Président, il dira que cet événement a marqué la fin de l’influence soviétique en Europe centrale et orientale et que ce fut une catastrophe géopolitique. Aujourd’hui, il ne cache pas qu’il ne tolérera pas l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN et dans l’Union européenne. Sa stratégie, selon le Kremlin, consiste à soutenir des gouvernements pro-russes afin de restaurer une zone d’influence sans déclencher de conflits majeurs.

Les risques demeurent faibles pour la Russie, mais génèrent des tensions durables avec l’Occident. Pourquoi irait-il en Ukraine et provoquerait-il la colère du monde occidental ? Il n’a besoin que de zones tampon pour protéger les frontières de son pays. Il annexe la Crimée, envahit les territoires pro-russes du Donbass, une large partie du Zaporizhzhia et du Kherson. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit.

Minsk septembre 2014, grâce la médiation franco-allemande, un accord est signé par l’Ukraine, la Russie, les séparatistes du Donbass et l’OSCE. Français et allemand se félicitent d’une solution diplomatique qui interrompt les massacres de part et d’autre dans le Donbass. L’accord est si bancal que sur le terrain, les parties ne le respectent pas. L’Europe a tendu sa main, croyant que les mots retiennent les armes.

La Russie ne respecte que ce qui sert son ombre. L’illusion cède au temps, et la force devient la seule mesure parce que les Ukrainiens continuent de persécuter les communautés pro-russes.

Voilà la magie du discours diplomatique: un accord qui cesse partiellement le feu , mais prépare la guerre d’un peu plus tard. Les Européens ne pardonnent pas à la Fédération de Russie d’avoir semé des leurres dans les trous de son nez.

Tandis que les médias se repaissent de caricatures, Trump le bouffon, Poutine le Tsar moderne, l’intelligence des deux hommes affaiblit l’Europe. Le pétrole américain se vend à prix d’or tandis que l’huile et le gaz russe alimentent la croissance chinoise.

Comment a-t-on pu gâcher de si étroites et historiques relations ? Talleyrand, le diable boiteux, le diplomate qui voua sa vie à replacer la France au cœur de l’échiquier européen, doit se retourner dans sa tombe. Musset reprocherait-il à Voltaire d’avoir scellé avec la Russie des liens autrement plus fort que le bruit des bottes?

Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire Voltige-t-il encore sur tes os décharnés ?
Philippe Herbaut — septembre 2025.
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Un plan intelligent?

La crise est installée. La lutte contre la pandémie l’est également. Le combat contre le fléau est une affaire de médecins, d’économistes, d’écologistes… Il n’est pas nécessaire de citer tous ces acteurs, car l’ensemble des forces vives de la nation est concerné. Pourtant, ce n’est pas l’avis des députés de l’opposition qui avaient envoyé leurs meilleurs orateurs pour conspuer le Premier ministre. La stratégie qu’il présentait devant l’assemblée ne devait pas faire l’objet d’un vote.

Sur l’insistance des partis, relayée par les médias, un scrutin est organisé. Cinq heures de débats pour approuver le plan du gouvernement. Le spectacle consternant d’élus de l’opposition préoccupés par les bons mots, les attaques ad hominem et l’obsession d’en découdre n’a convaincu qu’un tiers des députés. Ceux-là ont refusé ce plan, espérant qu’ils en tireraient des avantages politiques. Ils ont fait un pacte avec leurs yeux — c’est-à-dire avec les médias — de ne jamais laisser l’action gouvernementale emporter leurs convictions partisanes. À la réflexion et la lecture attentive, ils ont préféré arrêter leurs pensées. On ne leur reprochera jamais de faire des erreurs puisque leur engagement et leurs propositions pour la question du Corona sont inexistants.

Or le génie de ce plan est de confier sa réalisation aux maires, à leurs administrés, aux présidents de régions et aux préfets. Pour la première fois depuis bien des années on décolonise la province, selon l’expression de Michel Rocard reprise par Michel Onfray. Tout ce petit monde — qualifié tantôt d’insignifiante bourgeoisie provinciale — a cessé de produire des Talleyrand de sous-préfecture. Elle s’est mise au travail dès le premier jour avec le succès que l’on connait. Coordonner l’ensemble de ses initiatives paraissait nécessaire. L’État joue pleinement son rôle fédérateur et donne à ceux du terrain le cadre indispensable à leurs actions.

Le covid-19 a rapproché Jacobins et Girondins, il risque de s’en mordre la couronne. Son influence diminue là où des femmes et des hommes de qualité ont pris les mesures à l’écart des lumières de Versailles. On voit s’éloigner les scénarios dystopiques que goutent particulièrement les chaines d’informations. Corona n’atteindra pas les 50 millions de morts : les Girondins sont au chevet des malades, les jacobins donnent des outils efficaces pour que le décès des uns ne cède pas la place à la misère programmée des autres.

Le discours du Premier ministre semble introduire de la vertu dans le monde politique. Angélisme ou surprenante posture, il faudrait que l’après-Corona démontre qu’il est temps d’offrir au libéralisme des lettres de noblesse. Cela fera tache sur cette toile qu’une constitution écrite pour et par les hommes de pouvoir a tissée sur fond de démocratie représentative. Une crise de cette ampleur ne peut laisser intactes les structures de gouvernance françaises et européennes.

Philippe Herbaut, le 1er mai 2020

 

 

 

 

 
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Covid-19

700 000 cas de Coronavirus Covid-19 sont recensés dans le monde au 29 mars 2020. Le virus a causé la mort de 31 000 personnes. Son taux de mortalité est donc de 4,5%. Ces chiffres sont mis à jour par the center for systems science and engineering de la très prestigieuse université John Hopkins de Baltimore Maryland. Pour mémoire, la grippe saisonnière tue 1% de ceux qui en sont atteints. Comparée à l’Allemagne, la France a beaucoup moins de cas recensés, mais le taux de mortalité est plus important. Il s’agit d’une statistique qu’il faut donc traiter avec beaucoup de prudence, mais nos beaux esprits ne l’entendent pas ainsi. Ils tirent des conclusions immédiates quant à l’efficacité de la politique du gouvernement français en matière de gestion de la crise.

Responsable, mais pas coupable, en l’occurrence cette formule ne devrait pas faire recette, car résoudre la crise, c’est mettre en œuvre des solutions viables et durables. Le gouvernement dit qu’il s’y emploie, qu’il s’agit de sa priorité et qu’il a réuni des sommités pour le bien conseiller. Dont acte ! mais sa communication est aussi calamiteuse que dans le dossier enterré par nécessité de la réforme des retraites. Il existerait un remède en attendant le vaccin, mais faute de données statistiques, le ministre de la Santé ne veut pas être le ministre qui fera un pari sur la santé des Français. Il a peut-être raison. En quelques secondes il offre à ses détracteurs un boulevard, car cette belle formule balaie la question de savoir combien le médicament pourrait en sauver par rapport au nombre de décès qu’il pourrait occasionner.

Il voulait être professionnel, le voilà taxé de frilosité voire d’incompétence. Une sommité internationale française explique pourtant que les effets secondaires de la molécule sont maitrisés sous surveillance du médecin traitant.  Dans le domaine de la santé, on fait confiance plus volontiers à son médecin qu’a son ministre. Il va falloir un peu de temps pour qu’il le reconnaisse. Mais du temps, il n’y en a pas pour le patient qui doit attendre chez lui que le virus lui rende le droit de vivre que lui refuse le ministre. 

Si la communication est déplorable, cela n’enlève en rien l’engagement de l’État qui se bat conformément à sa mission pour protéger la population. Donnons-lui le crédit de faire ce qui est nécessaire et d’apprendre en avançant dans un univers incertain. C’est l’attribut d’une crise. Laissons de côté les galimatias pondus à la minute par des experts en tout, ignorons ces poules et coqs d’élevage déplumés qui infestent les médias de leurs piteuses fadaises.

Bon confinement.

Philippe Herbaut  le 29/03/2020

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Liban en colère N°1

Le Liban est en cessation de paiement. Son peuple est dans la rue. L’Iran et la Syrie sont à sa porte et tentent de le contrôler via le Hezbollah, et autres milices financées bien à propos. Les Palestiniens l’ont envahi. Il est en guerre technique avec Israël qui en a annexé un petit morceau du côté du Golan, et envoie des drones armés sur Beyrouth sud. Cela fait beaucoup ! La liste n’est pas exhaustive, mais suffit grandement à empêcher le pays et surtout la population de se vautrer dans le développement et l’harmonie. Le Liban est devenu le symbole du clivage : les diplomaties internationales, en bafouant sans vergogne le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en portent une grande part de responsabilité.

La crise est le quotidien du peuple tandis que les pays environnants se disputent les restes d’un pays à la croisée de l’Orient et de l’Occident, berceau de quelques civilisations. A peine se relève-t-il de la guerre que se réveille la récession flanquée de l’épidémie du siècle. La perle du Proche-Orient aurait pu être la Suisse d’Orient, elle est le jouet de grandes puissances aux ambitions sécuritaires, qui ne cachent même pas leurs projets mercantiles.

Pour bien utiliser le jouet, il faut un mode d’emploi, des tests sur les populations, des ventes d’armes, des plans juteux de reconstruction et surtout de solides ancrages dans la haine pour entretenir la guerre civile. Le temps est une composante essentielle : plus cela dure, plus la notice d’utilisation est susceptible de se dissoudre dans l’histoire. La manipulation peut se poursuivre et la haine couler à flots.

Nous y sommes, tous les ingrédients sont réunis : la chrétienté et sa religion d’amour qui se perd dans ses croyances et alliances divergences, l’Islam victime de la division entre sunnites et chiites et ses luttes de pouvoir, un Président Syrien qui massacre son peuple, deux peuples qui défendent leur droit à exister. Ce petit monde s’est donné rendez-vous au Liban qui croyait en l’accueillant vivre la paix de la réconciliation. La révolution du Cèdre en 2005 avait libéré le peuple du joug de l’envahisseur. La majorité des Libanais, comme elle avait raison, voulait le départ du Syrien, récupérer les fermes de Cheeba volées par l’Israélien du côté du plateau du Golan, désarmer le Hezbollah, régler le sort des prisonniers. Fort de 44% des suffrages à eux deux, un document d’entente, entre le Courant Patriotique Libre du Général Aoun et le Hezbollah dès 2006, appelle au dialogue, au consensus démocratique, à la consolidation de l’indépendance et de la souveraineté du pays. Mais il y est question, d’intégrer le Hezbollah à l’armée libanaise et de désigner clairement l’ennemi et les alliés, de restaurer des relations diplomatiques avec la Syrie et de renouveler la solidarité du Liban pour la cause palestinienne.

Cet accord pour le moins singulier est dénoncé par l’alliance dite du 14 Mars majoritaire (56% des suffrages), et soutenue par les États-Unis et leurs alliés. Le gouvernement de l’époque contrairement à l’usage ne comptera pas dans ses rangs de représentants du CPL. Le Hezbollah entre au gouvernement brièvement, pour en sortir en 2006. Il faudra deux ans pour en constituer un nouveau qui ne durera qu’un an. L’instabilité sur fond de crise constitutionnelle est bien installée. A suivre…

Philippe Herbaut le 13/03/2020

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Rumba en gare de Lyon

Une star de la rumba congolaise a provoqué à son corps défendant des troubles graves à l’ordre public aux abords de la salle de spectacle dans laquelle il se produisait. Des voitures incendiées, des scooters partis en fumé, une gare évacuée, des lignes de Métro et de RER perturbés, une cinquantaine de garde à vue et du travail pour les policiers et les pompiers qui n’en manquent pas en ces temps troublés.

Des opposants congolais réfugiés en France ou Français d’adoption ou les deux en même temps étaient en colère contre le chanteur accusé de collusion avec le président congolais et son prédécesseur, tous deux grands amateurs de démocratie mais avec la modération qui sied aux sages. Démocrates certes mais sans fanatisme si l’on en croit les déchainements médiatiques relatant de nombreuses exactions commises sur les millions de réfugiés et de déplacés dans le pays.

Rien de bien grave, la routine en quelque sorte si l’on compare avec un samedi de gilet jaune. D’ailleurs BFM TV n’a pas consacré la soirée à cet événement, c’est un signe. Dommage, on aurait pu découvrir que le Rwanda avait sponsorisé le concert, et que la manifestation avait été menée contre le président Rwandais lui-même démocrate avisé. Pour un peu on donnerait raison à cette opposition aux régimes sanguinaires qui poussent sans engrais des tropiques à l’équateur.

Ce n’est pas chez nous, heureusement ! Mais la République démocratique du Congo regorge de métaux rares en particulier dans la zone du Kivu ravagée par une guerre qu’entretiennent le Rwanda et l’Ouganda pour la suprématie de l’exploitation minière. L’intérêt que porte la communauté internationale à la zone des grands lacs n’a pas l’odeur du pétrole. L’or que l’on extrait n’est pas noir. Ici on lui préfère le coltan et le cobalt, métaux rares dont on équipe nos smartphones.

Revenons aux opposants congolais qui manifestent sur le sol français pour que l’on entende leurs revendications. Ils ont bravé l’interdiction car cette manifestation n’était pas autorisée. Selon Amnesty international le droit de manifester ne devrait pas être soumis à une autorisation préalable car devoir demander une autorisation pour manifester ses opinions a un effet dissuasif trop fort et limite donc l’exercice de cette liberté fondamentale.

Or le droit de manifester est consacré à l’article 11 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme : “toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association”. C’est clair : oui à la manif non aux incivilités. Trivial certes, mais en France se développe une théorie de la protestation fondée sur la violence et non sur le dialogue. Ainsi, la violence devient un attribut de la protestation et son contenu venant au second ordre s’ôte à lui-même son propre objet. Réapparaissent les vieux démons du pouvoir au bout du fusil.  

Les pouvoirs publics vont devoir professionnaliser l’encadrement de ces manifestations pour s’assurer de la sécurité des personnes et des biens. Une approche plus axée sur la médiation que sur le LBD ou le tonfa et des commandos pour lutter contre les black blocks. Tellement facile à dire !

Philippe Herbaut, le 01 mars 2020

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Les séparatistes

Je croyais avoir tout compris du mal qui ronge les banlieues. Présomptueux pour le moins ! Ce n’est pas l’islamiste, c’est le séparatiste. Ce n’est pas le communautarisme, c’est le séparatisme islamique. J’aurais du être plus attentif au discours du Ministre de l’Intérieur du 28/11/2019. « Pour nous attaquer à ce mal, il nous faut d’abord être en mesure de le connaître et de le définir. L’heure n’est plus aux pudeurs ni aux faux-semblants. Disons-le franchement, comme vous le constatez sur le terrain : la radicalisation et le terrorisme sont les symptômes les plus graves d’un mal plus profond qui touche trop de nos quartiers. Je veux parler de l’islamisme et du communautarisme. Contrairement au terrorisme, rigoureusement défini dans le code pénal et qui recouvre l’intégralité des infractions commises intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur, l’islamisme et le communautarisme n’ont pas de définitions juridiques précises. Nous pouvons donc les aborder, d’abord, par la description de leur réalité politique. (Www.intérieur.gouv.fr) ».

Le président de la République dont le goût pour les discours et la langue française est bien connu, a volé au secours de son Ministre en qualifiant de séparatisme islamique la réalité dont il est question.

Il est grands temps de nous essayer à quelques définitions pour éclairer le débat :

·      L’Islam est une religion, l’islamisme est une idéologie politique qui place la loi de dieu, ou celle de ceux qui la détournent à leur profit, au-dessus des lois de la République.

·      Une communauté est, dans le sens usuel, un ensemble de personnes vivant ensemble. (Wikipédia), Le communautarisme donne à la communauté une valeur plus importante qu'à l'individu et prétend contrôler les opinions et les comportements des membres de la communauté contraints à une obligation d'appartenance.

·      Le séparatisme islamique rejette les valeurs de la République et la loi commune.

Nous voilà plus savant et l’on a bien compris que le plan dévoilé par le Président à Mulhouse s’attaque aux comportements antirépublicains et non aux pratiquants d’une religion dont on peut questionner la compatibilité avec la République (la religion, pas les pratiquants). Pour autant, si l’ambition est louable, les contours du plan sont bien brouillardeux. La mesure phare consistant à mettre fin à l’accueil des Imams détachés de pays étrangers (Maroc, Algérie, Turquie.) ne semble pas être un remède universel ou tout au moins propre à répondre à l’incivilité dans les banlieues. L’imam est celui qui conduit la prière chez les sunnites, il n’a pas besoin de formation. Le charisme et la reconnaissance que lui accordent les fidèles sont suffisants. Les mesures concernant le financement des cultes paraissent plus efficaces. Quant à la suppression de l’enseignement des langues et cultures d’origine objet d’une directive européenne de 1977, il faut probablement y voir une mesure qui peut plaire à un électorat que veut toucher la mouvance politique du président avant les élections municipales.

C’est dire si le plan doit être enrichi et nourri de réflexions républicaines. On peut se demander à Aubervilliers, proche banlieue parisienne ou le chômage atteint 50%, si la république ne pratique pas elle-même le séparatisme dont elle cherche à se déhaler ?

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Brexit J-3

Une belle réussite de la démocratie. Ce qu’a voulu le peuple, le Premier ministre britannique l’a réalisé. Un référendum, des palabres interminables et un tour de passepasse politique plus tard, la Grande-Bretagne sortira au 31 janvier 2020 de l’Union européenne. Il y a bien quelques menus détails à régler, ainsi a-t-on prévu une période de transition. Cette approche résolument prudente permettra de trouver sur le terrain des solutions que le traité validé par Londres et Bruxelles a laissées, non moins prudemment, de côté. En substance : négocier un nouveau partenariat commercial, dénouer l’imbroglio des deux Irlandes ; vivre avec l’UE en quelque sorte.

Le Premier ministre et sa majorité confortable devront s’expliquer sur les différences notoires entre les avantages du Brexit mis en valeur avant le référendum et ce qu’il reste de ces avantages, c’est à dire : rien. Il a un an pour signer un pacte de vivre ensemble au mieux des intérêts du peuple britannique. Traduisez : pas question de mettre sa signature au bas d’un chèque de 36 milliards d’euros promis par traité exprès.

Perfide Albion qui ne veut pas perdre son statut de place financière au profit de Paris, Frankfort ou même Luxembourg, tu es soutenue une fois encore par Donald Trump. Toujours à l’affut d’une bonne affaire, il t’a encouragé comme ses prédécesseurs dans la déstabilisation des marchés européens pour contraindre l’UE à signer un accord scélérat de libre-échange (TAFTA). Nul doute qu’il te réserve un partenariat commercial très juteux si d’aventure les menaces de l’ogre américain ne venaient pas à bout de la vielle Europe.

Ainsi le Brexiter et conservateur BoJo a battu en 2020 le travailliste Edouard Heath de 1973. BoJo a donné raison au Président de Gaulle qui s’était opposé par deux fois à l’adhésion de son voisin d’outre-Manche.

Est-ce une si belle victoire de la démocratie que de mentir au peuple pour orienter son vote ? L’homme de la rue peut-il se prononcer sereinement et efficacement sur des affaires aussi complexes ? Le Brexit est-il démocratique s’il s’appuie sur l’ignorance ?

Ph Herbaut 

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Un Tsar au travail

La France est reléguée au rang d’observateur sur la scène politique internationale et n’aura bientôt plus d’influence sur la gouvernance européenne. Elle se satisfait en attendant des jours meilleurs de la place que lui abandonne le monde à cause d’une politique étrangère plus animée par l’envie de reconstruire une image que par une vision inspirée. 

Encouragée par une voix d’outre atlantique, elle aboie contre d’anciens alliés. Elle fait fi d’une amitié historique, nostalgique de grands principes que distribuât le siècle des lumières. Elle ne sait plus faire valoir sa diplomatie aux empires du Milieu, encore moins à celui du pétrole. Elle brise avec la Fédération de Russie, tel un enfant gâté, ce que des siècles avaient patiemment construit. Elle renvoie de derrière le paravent européen, un message de pauvre allure, elle qui jadis avait si bien accompagné la fin du régime totalitaire soviétique.

Comment peut on refuser d’honorer la livraison d’un porte-hélicoptères Mistral à la Russie, vendre des Rafales au Proche-Orient, livrer des armes dites non létales à la rébellion syrienne et courtiser l’économie chinoise en même temps. Où donc la France a t’elle rencontré la Démocratie dans aucun des Pays qu’elle cherche à séduire. Il y a peut être dans ces apparentes contradictions de cette légendaire arrogance française ou, qui sait, une certaine rancœur s’agissant de la naturalisation russe, rapide d’un comédien français non dénué de talent. Autre hypothèse, plus franco-française. Le gouvernement français ne peut, à la fois abandonner l’économie solidaire au profit de l’économie néo-libérale et bafouer les Principes démocratiques chère à sa majorité politique bien-pensante.

De quoi accuse t’on le président russe ? Son bilan est contesté par les uns, admiré par les autres. Il fait le Buzz en France, les médias se régalent à tenter de percer le mystère savamment orchestré qui entoure cet homme adepte du secret au temps des tsars du socialisme scientifique. Il est sorti vainqueur d’un combat titanesque qui l’a opposé à sa mafia, et consacré le retour de la Russie comme véritable puissance économique. Oui mais, pour obtenir ces résultats, ses méthodes ont bafoué la Démocratie et laissé la porte grande ouverte à la critique condescendante de ceux qui en occident en ont annexé le sens. Sa réussite ne plait pas au gendarmes américains et à ses alliés qui voient d’un mauvais œil que s’affirme pour leur désavantage la suprématie d’un hypothétique nouvel ordre russe.

Les positions internationales du président russe ne sont pas du goût de la France décidément. L’annexion de la Crimée comme la défense du tyran syrien ne satisfont pas de grands principes démocratiques soutenus, toujours pour la grandeur de l’humanité et de la France. L’Ukraine, la Syrie marquent un désaccord profond entre la Russie et la France.

Cela suffit il pour expliquer, les objectifs que poursuit la France dans son opposition à la Fédération de Russie. Aucun des ces pays n’a d’intérêt à se passer d’une coopération bilatérale. On peut raisonnablement penser que la France y perd de ce qui reste de son influence sur l’Europe et que cela génère des difficultés économiques de part et d’autre.

On ne peut, par conséquent, s’empêcher d’imaginer que c’est aux forces de gauche que s’adressent les positions diplomatiques ambiguës du gouvernement français. Toutes les communautés Chrétiennes, juives, musulmanes et plus généralement, tous ceux qui ont à connaître, à souffrir de la situation au Proche-Orient peuvent trouver dans la position de la France suffisamment d’espoir, de soutient et d’engagements.

Des lors, une alliance avec la Fédération de Russie sur ce dossier aurait été probablement lourde de conséquences dans l’opinion publique. Bien que n’étant pas totalement instruit de l’incroyable complexité du conflit, le bon peuple se situe dans une logique de règlement et non de gestion partisane du dossier. Faire alliance avec les ennemis jurés (Iran) d’une communauté influente, tout en privilégiant une minorité (Chiite) d’une autre communauté également influente, n’aurait emporté la conviction d’aucune. La rumeur, première des media a la dent dure et de la mémoire. Elle ne pardonne pas à L’Iran l’affaire de l’uranium enrichi ni les prises d’otages ni même l’ingratitude de l’invité de Neauphle le Château qui mystifiât Jean Paul Sartres.

Pour faire simple, la France choisit le camp de l’Amérique et de ses alliés : Israël, Arabie Saoudite, Emirats parce qu’elle ne peut faire autrement. Elle s’éloigne du Camp de la Fédération Russe : la Chine, l’Iran, la Syrie. Elle s’assure cependant que l’on ne puisse prétendre que le président français est inféodé à la politique américaine. Ce serait en effet une bien navrante allégation.

On notera que dans la liste de pays seul l’Amérique s’adonne furieusement à la Démocratie. Là encore la main droite est capable d’ignorer ce que fait la main gauche.

Une fois sacrifiée toute explication logique force est de reconnaître l’habileté politique de nos gouvernants. En pleine crise de l’emploi, les frappes aériennes françaises, en Syrie comme précédemment au Mali, rassemblent les français autour d’un président dont les sondages disent qu’il connaît un regain d’opinions favorables.

« Il est homme prudent et sait toujours se faire un mérite des actes auxquels la nécessité l’a contraint»  (tiré de Machiavel).

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Madame, Monsieur, les Politiques

Madame, Monsieur les politiques

«Je m’adresse à vous femmes et hommes politiques qui avez pour ambitions de gouverner notre pays et sacrifiez vos propres intérêts à ceux de la Nation. Je souhaite vous rendre hommage car votre talent a fait de la France ce grand pays où il fait si bon vivre. Un ami outre-Rhin  me dit souvent  qu’il se porte bien et qu’il est comme Dieu en France. Je vous remercie du fond du cœur que l’on puisse, malgré quelques difficultés bien passagères, conserver un modèle de société que le monde entier nous envie. »

Voilà ce que j’aurais aimé vous dire, mais nos médias semblent ne pas être en accord avec cette vision angélique. Bien modeste électeur, il me faut tenter de comprendre ce que vos programmes prévoient et l’analyse qu’en font nos talentueux journalistes.

Je dois vous avouer que parvenir à faire la part des choses, relève de la gageure, d’autant que ceux à qui l’on pouvait faire confiance se révèlent être de fieffés coquins selon la rumeur entretenue par les dits journalistes. Leur code de déontologie aurait du nous en préserver mais comme la Justice des hommes n’est plus si indépendante qu’elle le dit, chacun peut se vautrer dans la luxure des secrets de l’instruction bafouée autant qu’il convient. Tout ce passe comme si journalistes et magistrats avaient conclu un accord temporaire pour perpétrer des assassinats politiques en toute confiance, au nom du droit et de la justice. Cette alliance des 3ième et 4ième pouvoir mène un combat pour un monde où règne la loi supérieur de sa justice. Alliance éphémère qui sert bien mal son objet en affaiblissant le premier pour permettre la subsistance du second.

De là vient, la première difficulté bien passagère dont il est question: l’autorité de l’Etat est battu en brèche lorsque le Législatif, l’Exécutif et le Judiciaire sont en rupture ou que l’un des trois utilise les deux autres à son profit. La nation est éclatée en une multitude de communautés d’intérêts qui vivent dans leurs propres lois et agissent pour leur propre avantage. Elles inventent de nouvelles valeurs qui justifient leurs misérables ambitions.

Bien modeste électeur, j’ai vainement cherché dans vos programmes ce qui pourrait clairement vous démarquer les uns des autres et plus spécifiquement du populisme des extrêmes. Vous avez inventé ce mot pour éviter de vous interroger sur les raisons du succès de ses thèses. Vous refusez de comprendre cette défiance du peuple pour les institutions nationales et internationales dont les extrêmes se font le chantre. Le premier tour de l’élection présidentiel de 2017 révèle la montée inexorable du populisme. Vous savez que les bulletins de vote de près de 50% des électeurs ont exprimé le niveau arithmétique de votre déclin. Restent les 50% qui s’étripent sur des valeurs nées d’une époque qu’une pseudo-révolution populaire a trahi dans le sang.

Le Chômage et la sécurité ne devraient pas faire l’objet de politiques de droite ou de gauche, c’est bien pourquoi on ne lit pas de différence dans les programmes de chacun, on ne voit pas non plus d’ailleurs qu’elles soient capables d’endiguer ces fléaux. Les discours dans les innombrables meetings d’une campagne permanente servent à égratigner l’adversaire du jour voire d’éreinter l’équipe précédente. La République dont ils ont porté les valeurs ne devrait pas laisser sur le chemin d’ambitions personnelles, la cohésion du peuple français. Les mesures ou mesurettes  Piètre satisfaction, on y écoute avec intérêt de ces petites phrases qui font rougir historiens et philosophes tant la marque démagogique y est prégnante. Vos desseins nationaux font place à de sordides calculs partisans.

De là vient, la deuxième difficulté bien passagère dont il est question: contraint par l’Europe, les traités internationaux, la crise économique et la puissance des blocs américains, russes et chinois, vous condamnez la France à ne plus être qu’un de leur vassal. Bien modeste électeur, j’ai vainement cherché des propositions pour l’avenir de la France. Vous avez certainement confié à vos « think-tanks » préférés le soin de réfléchir à des projets de grandes envergures. Terra Nova, le Grand Orient de France, l’Institut Montaigne par exemple ne semblent pas avoir réussi à emporter vos convictions. Est ce par manque de courage que vous ne livrez pas à vos partisans la vision que vous avez de l’avenir de votre pays ? Craignez vous que les changements qu’il convient d’opérer pour projeter la France dans le monde de demain, soient d’une telle ampleur qu’ils ne puissent faire l’objet d’une communication. Laisserez vous le génie français se noyer dans la soupe médiatique? Marquerez vous votre gouvernance par un abandon de la souveraineté à des commissaires européens ? Au contraire emmènerez vous la France côte à côte avec ses partenaires, vers une Europe capable de constituer une puissance économique et sociale de premier ordre ? Rien dans votre programme n’en décide. De là vient, la troisième difficulté bien passagère dont il est question: vous n’êtes pas capable de rassembler plus du tiers de l’électorat parce que vous ne lui parlez pas de ce qu’il veut entendre. Il vit ses difficultés et n’a pas besoin de vous pour les comprendre. Donnez lui de quoi voir plus loin que le quotidien, de quoi voir au delà de l’horizon.

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Un atout pour l’Amérique

L’homme d’affaires américain est parfaitement sur sa feuille de route. Il a décidé de gouverner le monde sans que cela coute un seul dollar au contribuable américain. Contrairement à son prédécesseur, qui avait pour un court instant rêvé de rééquilibrer les alliances au Proche-Orient, l’homme à «la fine aigrette » affiche clairement la position des Etats-Unis. Ce qu’il a compris de la Politique dans cette région du monde est ce qui est inscrit sur les fiches que lui préparent ses conseillers. Elles résument en trois idées maitresses ce qu’il faut comprendre de plus de soixante ans de conflits.

  • Protéger l’Etat d’Israël.
  • Protéger l’Etat Saoudien.
  • Désigner au monde les méchants.

Cela est très court et explique parfaitement le but du voyage du président américain.  Il n’était pas besoin d’écrire que l’on venait également pour faire d’énormes affaires.  Quant aux méchants c’est encore plus simple : tous ceux qui aident le bloc russo-iranien sont désormais du coté obscur de la force.

L’Arabie Saoudite, dont un prince du sang est devenu récemment champion des droits de la femme, se fait beauté pure et blanche et pour montrer qu’elle à compris le message de l’Amérique, elle rompt ses relations diplomatiques avec le Qatar.

Le jeune émir Qatari de 37 ans soutient les frères musulmans dans leur avancée politique au sein du monde musulman. Cela passe bien entendu par le financement de mouvements terroristes aussi bien que d’actions humanitaires comme des restos du cœur islamiques déguisés, jusque dans nos banlieues.

Les salafistes du royaume d’Arabie en font autant  sauf que le maitre de Washington a décidé que le Qatar devait être châtié pour sa complaisance avec l’Iran. Peu importe que les émirats voisins entretiennent avec elle de fructueuses relations commerciales ; il faut punir également Doha de son alliance avec la Turquie de Mr Erdogan et d’avoir soutenu l’Egypte de Morsi. Tout cela serait bien compliqué si la tornade blonde n’avait pas imposé l’Arabie Saoudite comme seul état à exercer son influence en terre moyen-orientale et championne de la lutte anti-terroriste. Il faut comprendre que le mot terroriste ne s’applique plus qu’a l’Iran et ses alliés. Les fautes des salafistes saoudiens sont désormais lavées et pardonnées. Le Qatar n’aura pas grande chose à craindre puisque les USA possèdent une énorme base américaine entretenue par la manne pétrolière qatarie.

La diplomatie américaine dont on ne saurait nier la qualité ni l’efficacité vient sans changer d’un iota sa politique, de marquer un point sur le tsar Poutine. On croyait l’aigle affaiblit, le voilà renaissant et prompt au Buzz. Au cours de son premier vol il a ruiné l’espoir européen de d’une issue négociée aux conflits de la zone et enrichit son complexe militaro-industriel. L’Europe risque d’avoir fort à faire avec cet allié encombrant ; elle ferait bien de ne pas s’en contenter.  La chancelière allemande l’a déjà bien compris ; il faudra que le nouveau président français se garde de nouer les liens d’asservissement que son prédécesseur avait tissés en croyant faire briller un blason passablement terni.

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