Un soir au Sahel – Extrait

Ludo avait pris une mauvaise décision. Il aurait voulu la retenir et continuer de partager la passion. Il n’avait pas saisi cette exhortation, cachée dans une expression pleine de retenue, à la rejoindre en Chine ; il ne l’avait pas compris, ou bien l’entreprise était-elle au-dessus de ses moyens. Que ne s’était-il précipité à l’aéroport pour l’empêcher de partir ? Il aurait su trouver les mots que son cœur lui soufflerait. Au lieu de tout cela, sa lâcheté l’avait conduit à accepter, à ne rien mériter d’elle, à préférer son confort et son égo. Il était resté au pied de l’escalier.

La mauvaise décision c’est ce qu’il se répétait tous les jours. Il avait passé le premier jour sans elle à boire à la terrasse d’un café. Il s’était couché ivre mort dans le caniveau et ne l’avait plus quitté. Exclu de son cercle d’amis, exclu de son IEP, exclu du monde ; il croyait qu’il pouvait se punir de n’avoir pu sauver le seul véritable emballement qui avait illuminé sa vie. Il trouvait des justifications dans les verres d’alcool ; il en était arrivé aux bouteilles qu’il tétait avidement ; le liquide précieux était le moteur principal de sa vie. Pour attirer la compassion, il avait tenté plusieurs fois de se suicider ; même sa famille ne supportait plus ses séjours à l’hôpital. Il était celui qui croit avoir vécu et pouvoir passer le reste de son temps à provoquer la mort. Il ne sait rien d’elle, l’imbécile, mais il dit qu’elle sera moins dure que la douleur. Sa condition le poursuit chaque nuit jusqu’à ce rêve étrange mettant en scène sa bouteille :

elle est là, présente et l’entoure d’un voile hypnotique. Il est assis à sa table de travail les yeux fixés sur une feuille de papier virtuelle. La garce lui prodigue des caresses animales. Nue, lascive, elle l’entoure de ses bras menus et quand il veut la posséder, elle se dérobe en riant. Il la supplie et quand il peut la tenir, l’étrangler de ses pauvres mains, elle s’évanouit comme le filet d’eau dans le sable de la dune. Il sait qu’il doit arracher la chape qui l’enserre, mais elle s’empare d’un repli de son âme et réapparait. La voilà, plus puissante encore, qui occupe la place. La bête se délecte de ses neurones, se repait de ses souvenirs. Il crie qu’elle le libère, qu’elle cesse cette débauche maléfique. Mais l’autre mène grand train et la supplique n’a pour effet que d’augmenter la souffrance et l’emprise. Abruti de douleur, pantin désarticulé, vidé de sa substance, épuisé, il s’abandonne à sa maitresse.

La mort le réveille, elle est en colère.

  • « Vous n’avez pas le droit de décider de terminer votre vie. J’ai ce droit. Votre terme n’est pas échu.
  • Je croyais que vos intentions cruelles s’étaient révélées et que vous m’attendiez en savourant votre victoire prochaine. Ma vie ne sert à rien, je n’ai plus de passion, l’amour est morte.
  • La mort fait partie de la vie, mais vous l’avez, seul, transformée en enfer. Cuvez votre vinasse, vous n’avez pas besoin de pareille compagne ! Vous possédez une faculté qui vous différencie des rats qui courent entre vos jambes la nuit, c’est le libre arbitre. Ecoutez le vent et cessez de poursuivre votre égo ! »
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Le noir aux joues – Extrait

Un petit bout de rue

Le 25 de l’avenue de Saint-Ouen, quelques centaines de mètres après la Fourche, c’est à Paris seulement que l’on peut trouver ce genre d’endroit totalement invraisemblable. C’est un coquet bout de rue qui a décidé un jour de se payer un coin d’amour, un coin de bonheur. En face, la Cité Pilleux, ancienne rue ouvrière, elle a gardé les ateliers du rez-de-chaussée et les habitations à l’étage. Toutes deux vivent une saine émulation encouragée un jour, par le trait de crayon d’un fonctionnaire du cadastre. Il a coupé en deux l’avenue parce qu’une loi de 1859 rattache au 17e, la Commune des Batignolles-Monceau et une partie seulement du quartier des Epinettes. On imagine d’âpres négociations entre édiles afin de récupérer ce bout de territoire. Quoiqu’il en soit à l’Est, c’est le 18e arrondissement, à l’Ouest le 17e. Au Panama par la magie d’un canal on change d’Amérique.

A Panam, c’est en traversant l’avenue que l’on change d’arrondissement, de statut social et la face du monde aussi ! Ces deux bouts de rues, « rive gauche, rive droite » se livrent une concurrence féroce dans l’originalité, la qualité de vie, la protection de leur environnement.

Ils ont érigé des murailles pour éviter les jets de fleurs ou d’anathèmes dont ils sont sauvagement armés, mais surtout pour se protéger de l’agression de la vie parisienne. Il faut montrer patte blanche numérique avant que ne s’ouvrent de hautes grilles en fer forgé.

Devant ces portes du temps, il faut s’arrêter et se laisser envelopper par des effluves à l’odeur de pain frais qui se dégagent d’une petite boutique : une boulangerie française. On n’a pas prévu le béret, mais le pain que l’on y fabrique de la main experte d’un artisan de génie, est la preuve incontestable de l’existence de Dieu. S’il n’est pas mort d’avoir contempler son œuvre, Dieu doit fréquenter la boutique du Boulanger. C’est dans le quartier le premier endroit où l’on cause. L’artiste accueille ses clients, souvent ses amis, avec l’amabilité d’un homme qui sait que son activité nourrit également le lien social. Dans son atelier « Aux Pains garnis », tout y est fait maison. Il a même obtenu un prix de la meilleure baguette de tradition. Son petit bonheur à lui, c’est de rencontrer ceux qui se sont laissés pénétrer par ses parfums subtils ! Il a fait son Tour de France et même d’Europe car on le trouve à Cologne à Toulouse, à Strasbourg à Nantes ou à Lyon ; enfin partout ou des artisans inspiré ont accueilli un Ouvrier pour que se perpétue la tradition du Pain.

L’obstacle de la grille surmonté, c’est à l’ouïe que s’adresse le petit bout de rue. Le tumulte de l’avenue de Saint-Ouen fait place au calme. Un havre de paix se dévoile dans une enfilade d’immeubles de quatre étages et un espace de verdure aménagé avec un goût exquis. On accroche des fleurs à la fenêtre. L’endroit où l’on vit est celui que l’on montre le plus volontiers : il faut qu’il attire le regard. En tout cas, le visiteur a droit à une exposition permanente ou l’on rivalise de parfums délicats et de robes multicolores. Un festival des sens et de sérénité qui n’a pas encore attiré les promoteurs immobiliers, les indigènes de la rue s’en portent très bien.

L’assemblée des propriétaires et locataires a décidé que le vivre ensemble méritait quelques règles de bon sens que toutes et tous ont acceptées. Pour un peu un indice de civisme serait publié chaque trimestre, une sorte de bonheur national brut comme au Bhoutan.

Ici, la cohésion sociale n’est pas laissée à la compétence des services de l’Etat, on peut donc se laisser aller à la jouissance des lieux. Ailleurs on confie à l’administration l’ingénierie sociale. Voilà une belle expression pour éviter de dire qu’à Paris on ne connaît pas son voisin. Ici, point n’est besoin de recourir à des consultants pour dire comment innover, créer, monter des projets. Le petit bout de rue réinvente la démocratie participative. Il met en œuvre ses fondements en imitant les centres sociaux et politiques de la Grèce antique. On organise, lorsque viennent les beaux jours, des banquets. Les débats sont houleux, mais toujours amicaux. On y parle de copropriété et le syndic met en forme les décisions le l’aréopage.

Les quatre étages de chaque immeuble semblent flotter dans un océan de verdure que le vent fait murmurer lorsque vient l’automne. La musique est si belle que lorsque cessent ses battements, on les ressent encore. Le temps et l’espace lui appartiennent comme s’ils avaient décomposé le béton de la machine à habiter.

On se croirait au paradis, constate le Commissaire Christophe Marian, mais sa présence bouleverse la sérénité du lieu. La Police investit le bout de rue parce qu’un meurtre vient d’y être commis. Pour protéger la scène de crime, des rubalises sont installées immédiatement et les gardiens de la paix relèvent l’identité des personnes qui entrent ou sortent de l’immeuble. Les passants se transforment à l’instant en curieux morbides. Les médias, probablement informés par un indiscret, envahissent l’allée boisée et piétinent sans vergogne le jardin si inspiré.

Marian, dans sa déclaration à la presse, indique qu’un certain Le Tallec a été trouvé mort égorgé à l’aide d’une arme qui n’a pas été retrouvée. La police scientifique est sur les lieux, les premières auditions sont en cours. La brigade criminelle de la Préfecture de Paris est saisie des investigations, déclare le Procureur de la République en arrachant promptement le micro des mains du Commissaire. À ce stade de l’enquête, la Police ne privilégie aucune piste, poursuit-il, comme pour donner de la densité à sa déclaration. Le Commissaire fait évacuer les badauds en jurant contre ces bons à rien qui entravent son enquête. Il demande aux habitants du bout de rue de rester chez eux. Il réunit son équipe pour un premier briefing dans un atelier que le régisseur a mis gentiment à sa disposition. En attendant les délégations du juge d’instruction, il distribue à chacun les missions d’investigations. Le juge et le Commissaire ont l’habitude de travailler ensemble, cela devrait permettre de faciliter la tâche de son équipe.

Nous sommes le 17 juin 2015, l’action publique est en mouvement.

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Copie non conforme – Extrait

Pauvre cellule familiale, tu ne résistes pas aux charmes de cette époque où l’on gère pour toi la sécurité de l’emploi, la sécurité sociale et la retraite. Ton existence est mise en danger parce que la solidarité dans la famille fait place à l’expression permanente de l’intérêt personnel. C’est la loi qui te protège qui te prive de tes bons offices au profit de l’harmonie que chacun recherche pour lui même. Ce n’est pas nouveau, l’idée que l’on se fait de sa place dans la société évolue en même temps que la vague de textes protecteurs qui déferle sans précaution sur ta communauté. La raison et l’administration tentent de remplacer l’amour. Eclatante indécence que cette hécatombe que subissent nos ainées lorsque la grippe ou la canicule font leur apparition. «Nos Vieux » ont le droit à notre reconnaissance et à nos soins.

Cette vielle dame du vingtième siècle les avait elle reçu de son mérite? La guerre l’avait privée de son mari. Elle, une poliomyélite que l’on ne soignait pas à l’époque, l’avait privée de ses jambes et un peu plus.

Son bel officier français en grand uniforme de l’armée coloniale était parti pour assainir les marais infestés de moustiques, d’une région d’Afrique du Nord, avec la compagnie qu’il commandait, au nom de cette solidarité qu’aujourd’hui on foule aux pieds parce que la terre appartient aux peuples, pas à la France. Il n’en était pas revenu, mort de la fièvre des marais (malaria) et de l’illusion d’avoir servi sa patrie et peut être les amis qu’il s’était fait là bas. Elle, son infirmité l’avait rendue dépendante de sa fille. Elles avaient, toutes les deux traversé une autre guerre, tapies dans des abris ou au service obligatoire de l’envahisseur dans la maison de la famille.

Sa fille unique avait épousé un brave homme qui avait accepté de s’occuper de sa belle mère. Le couple avait fait de beaux enfants.

Cette belle et grande dame immobile percevait trop bien la charge qu’elle représentait pour sa famille qui lui reprochait doucement d’être responsable d’une vie bien terne. Les années folles, les siens ne les avaient pas vécues. La dame aux cheveux blancs portait son infirmité et ses peines avec dignité et retenue. Son seul bien était une photographie de son mari en grand uniforme, à cheval. Elle avait perdu ses jambes, une grande partie de sa vie mais pas son cœur.

Comme pour alléger le poids d’une culpabilité qui tordait son ventre, elle distribuait, à ces petits enfants, la bonté et l’amour parce que sa vie en dépendait. Lorsque l’un d’entre eux, petit bonhomme d’à peine quatre ans avait découvert d’étranges signes cabalistiques sur la photographie, elle lui avait appris à lire et puis à compter aussi. Ce tout petit bonhomme subjugué par ses boucles blanches, son attention de tous les instants et ses airs de princesse de conte de fée, lui vouait une admiration infinie. Elle avait suscité chez lui une soif d’apprendre et de découvrir. Elle l’avait  accompagné jusqu’au bout parce qu’une relation d’une tendresse très profonde unissait les deux êtres et qu’elle en percevait les bienfaits.

Elle ne s’était pourtant pas débarrassée du mal qui la rongeait, le serpent mordait ses entrailles chaque jour un peu plus. On l’a conduite à l’hôpital ; elle ne pouvait plus retenir ses gémissements et même pas partager sa souffrance. Elle qui n’avait pas été épargnée par la vie avait dépensé ses dernières forces pour que ses petits enfants lisent dans ses yeux le dernier remerciement qu’elle leur adressait d’avoir adoucit son calvaire. Les petites mains qui disparaissaient dans la sienne avaient grandi : l’amour n’est pas morte. 

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Un Tsar au travail

La France est reléguée au rang d’observateur sur la scène politique internationale et n’aura bientôt plus d’influence sur la gouvernance européenne. Elle se satisfait en attendant des jours meilleurs de la place que lui abandonne le monde à cause d’une politique étrangère plus animée par l’envie de reconstruire une image que par une vision inspirée. 

Encouragée par une voix d’outre atlantique, elle aboie contre d’anciens alliés. Elle fait fi d’une amitié historique, nostalgique de grands principes que distribuât le siècle des lumières. Elle ne sait plus faire valoir sa diplomatie aux empires du Milieu, encore moins à celui du pétrole. Elle brise avec la Fédération de Russie, tel un enfant gâté, ce que des siècles avaient patiemment construit. Elle renvoie de derrière le paravent européen, un message de pauvre allure, elle qui jadis avait si bien accompagné la fin du régime totalitaire soviétique.

Comment peut on refuser d’honorer la livraison d’un porte-hélicoptères Mistral à la Russie, vendre des Rafales au Proche-Orient, livrer des armes dites non létales à la rébellion syrienne et courtiser l’économie chinoise en même temps. Où donc la France a t’elle rencontré la Démocratie dans aucun des Pays qu’elle cherche à séduire. Il y a peut être dans ces apparentes contradictions de cette légendaire arrogance française ou, qui sait, une certaine rancœur s’agissant de la naturalisation russe, rapide d’un comédien français non dénué de talent. Autre hypothèse, plus franco-française. Le gouvernement français ne peut, à la fois abandonner l’économie solidaire au profit de l’économie néo-libérale et bafouer les Principes démocratiques chère à sa majorité politique bien-pensante.

De quoi accuse t’on le président russe ? Son bilan est contesté par les uns, admiré par les autres. Il fait le Buzz en France, les médias se régalent à tenter de percer le mystère savamment orchestré qui entoure cet homme adepte du secret au temps des tsars du socialisme scientifique. Il est sorti vainqueur d’un combat titanesque qui l’a opposé à sa mafia, et consacré le retour de la Russie comme véritable puissance économique. Oui mais, pour obtenir ces résultats, ses méthodes ont bafoué la Démocratie et laissé la porte grande ouverte à la critique condescendante de ceux qui en occident en ont annexé le sens. Sa réussite ne plait pas au gendarmes américains et à ses alliés qui voient d’un mauvais œil que s’affirme pour leur désavantage la suprématie d’un hypothétique nouvel ordre russe.

Les positions internationales du président russe ne sont pas du goût de la France décidément. L’annexion de la Crimée comme la défense du tyran syrien ne satisfont pas de grands principes démocratiques soutenus, toujours pour la grandeur de l’humanité et de la France. L’Ukraine, la Syrie marquent un désaccord profond entre la Russie et la France.

Cela suffit il pour expliquer, les objectifs que poursuit la France dans son opposition à la Fédération de Russie. Aucun des ces pays n’a d’intérêt à se passer d’une coopération bilatérale. On peut raisonnablement penser que la France y perd de ce qui reste de son influence sur l’Europe et que cela génère des difficultés économiques de part et d’autre.

On ne peut, par conséquent, s’empêcher d’imaginer que c’est aux forces de gauche que s’adressent les positions diplomatiques ambiguës du gouvernement français. Toutes les communautés Chrétiennes, juives, musulmanes et plus généralement, tous ceux qui ont à connaître, à souffrir de la situation au Proche-Orient peuvent trouver dans la position de la France suffisamment d’espoir, de soutient et d’engagements.

Des lors, une alliance avec la Fédération de Russie sur ce dossier aurait été probablement lourde de conséquences dans l’opinion publique. Bien que n’étant pas totalement instruit de l’incroyable complexité du conflit, le bon peuple se situe dans une logique de règlement et non de gestion partisane du dossier. Faire alliance avec les ennemis jurés (Iran) d’une communauté influente, tout en privilégiant une minorité (Chiite) d’une autre communauté également influente, n’aurait emporté la conviction d’aucune. La rumeur, première des media a la dent dure et de la mémoire. Elle ne pardonne pas à L’Iran l’affaire de l’uranium enrichi ni les prises d’otages ni même l’ingratitude de l’invité de Neauphle le Château qui mystifiât Jean Paul Sartres.

Pour faire simple, la France choisit le camp de l’Amérique et de ses alliés : Israël, Arabie Saoudite, Emirats parce qu’elle ne peut faire autrement. Elle s’éloigne du Camp de la Fédération Russe : la Chine, l’Iran, la Syrie. Elle s’assure cependant que l’on ne puisse prétendre que le président français est inféodé à la politique américaine. Ce serait en effet une bien navrante allégation.

On notera que dans la liste de pays seul l’Amérique s’adonne furieusement à la Démocratie. Là encore la main droite est capable d’ignorer ce que fait la main gauche.

Une fois sacrifiée toute explication logique force est de reconnaître l’habileté politique de nos gouvernants. En pleine crise de l’emploi, les frappes aériennes françaises, en Syrie comme précédemment au Mali, rassemblent les français autour d’un président dont les sondages disent qu’il connaît un regain d’opinions favorables.

« Il est homme prudent et sait toujours se faire un mérite des actes auxquels la nécessité l’a contraint»  (tiré de Machiavel).

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Madame, Monsieur, les Politiques

Madame, Monsieur les politiques

«Je m’adresse à vous femmes et hommes politiques qui avez pour ambitions de gouverner notre pays et sacrifiez vos propres intérêts à ceux de la Nation. Je souhaite vous rendre hommage car votre talent a fait de la France ce grand pays où il fait si bon vivre. Un ami outre-Rhin  me dit souvent  qu’il se porte bien et qu’il est comme Dieu en France. Je vous remercie du fond du cœur que l’on puisse, malgré quelques difficultés bien passagères, conserver un modèle de société que le monde entier nous envie. »

Voilà ce que j’aurais aimé vous dire, mais nos médias semblent ne pas être en accord avec cette vision angélique. Bien modeste électeur, il me faut tenter de comprendre ce que vos programmes prévoient et l’analyse qu’en font nos talentueux journalistes.

Je dois vous avouer que parvenir à faire la part des choses, relève de la gageure, d’autant que ceux à qui l’on pouvait faire confiance se révèlent être de fieffés coquins selon la rumeur entretenue par les dits journalistes. Leur code de déontologie aurait du nous en préserver mais comme la Justice des hommes n’est plus si indépendante qu’elle le dit, chacun peut se vautrer dans la luxure des secrets de l’instruction bafouée autant qu’il convient. Tout ce passe comme si journalistes et magistrats avaient conclu un accord temporaire pour perpétrer des assassinats politiques en toute confiance, au nom du droit et de la justice. Cette alliance des 3ième et 4ième pouvoir mène un combat pour un monde où règne la loi supérieur de sa justice. Alliance éphémère qui sert bien mal son objet en affaiblissant le premier pour permettre la subsistance du second.

De là vient, la première difficulté bien passagère dont il est question: l’autorité de l’Etat est battu en brèche lorsque le Législatif, l’Exécutif et le Judiciaire sont en rupture ou que l’un des trois utilise les deux autres à son profit. La nation est éclatée en une multitude de communautés d’intérêts qui vivent dans leurs propres lois et agissent pour leur propre avantage. Elles inventent de nouvelles valeurs qui justifient leurs misérables ambitions.

Bien modeste électeur, j’ai vainement cherché dans vos programmes ce qui pourrait clairement vous démarquer les uns des autres et plus spécifiquement du populisme des extrêmes. Vous avez inventé ce mot pour éviter de vous interroger sur les raisons du succès de ses thèses. Vous refusez de comprendre cette défiance du peuple pour les institutions nationales et internationales dont les extrêmes se font le chantre. Le premier tour de l’élection présidentiel de 2017 révèle la montée inexorable du populisme. Vous savez que les bulletins de vote de près de 50% des électeurs ont exprimé le niveau arithmétique de votre déclin. Restent les 50% qui s’étripent sur des valeurs nées d’une époque qu’une pseudo-révolution populaire a trahi dans le sang.

Le Chômage et la sécurité ne devraient pas faire l’objet de politiques de droite ou de gauche, c’est bien pourquoi on ne lit pas de différence dans les programmes de chacun, on ne voit pas non plus d’ailleurs qu’elles soient capables d’endiguer ces fléaux. Les discours dans les innombrables meetings d’une campagne permanente servent à égratigner l’adversaire du jour voire d’éreinter l’équipe précédente. La République dont ils ont porté les valeurs ne devrait pas laisser sur le chemin d’ambitions personnelles, la cohésion du peuple français. Les mesures ou mesurettes  Piètre satisfaction, on y écoute avec intérêt de ces petites phrases qui font rougir historiens et philosophes tant la marque démagogique y est prégnante. Vos desseins nationaux font place à de sordides calculs partisans.

De là vient, la deuxième difficulté bien passagère dont il est question: contraint par l’Europe, les traités internationaux, la crise économique et la puissance des blocs américains, russes et chinois, vous condamnez la France à ne plus être qu’un de leur vassal. Bien modeste électeur, j’ai vainement cherché des propositions pour l’avenir de la France. Vous avez certainement confié à vos « think-tanks » préférés le soin de réfléchir à des projets de grandes envergures. Terra Nova, le Grand Orient de France, l’Institut Montaigne par exemple ne semblent pas avoir réussi à emporter vos convictions. Est ce par manque de courage que vous ne livrez pas à vos partisans la vision que vous avez de l’avenir de votre pays ? Craignez vous que les changements qu’il convient d’opérer pour projeter la France dans le monde de demain, soient d’une telle ampleur qu’ils ne puissent faire l’objet d’une communication. Laisserez vous le génie français se noyer dans la soupe médiatique? Marquerez vous votre gouvernance par un abandon de la souveraineté à des commissaires européens ? Au contraire emmènerez vous la France côte à côte avec ses partenaires, vers une Europe capable de constituer une puissance économique et sociale de premier ordre ? Rien dans votre programme n’en décide. De là vient, la troisième difficulté bien passagère dont il est question: vous n’êtes pas capable de rassembler plus du tiers de l’électorat parce que vous ne lui parlez pas de ce qu’il veut entendre. Il vit ses difficultés et n’a pas besoin de vous pour les comprendre. Donnez lui de quoi voir plus loin que le quotidien, de quoi voir au delà de l’horizon.

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Un atout pour l’Amérique

L’homme d’affaires américain est parfaitement sur sa feuille de route. Il a décidé de gouverner le monde sans que cela coute un seul dollar au contribuable américain. Contrairement à son prédécesseur, qui avait pour un court instant rêvé de rééquilibrer les alliances au Proche-Orient, l’homme à «la fine aigrette » affiche clairement la position des Etats-Unis. Ce qu’il a compris de la Politique dans cette région du monde est ce qui est inscrit sur les fiches que lui préparent ses conseillers. Elles résument en trois idées maitresses ce qu’il faut comprendre de plus de soixante ans de conflits.

  • Protéger l’Etat d’Israël.
  • Protéger l’Etat Saoudien.
  • Désigner au monde les méchants.

Cela est très court et explique parfaitement le but du voyage du président américain.  Il n’était pas besoin d’écrire que l’on venait également pour faire d’énormes affaires.  Quant aux méchants c’est encore plus simple : tous ceux qui aident le bloc russo-iranien sont désormais du coté obscur de la force.

L’Arabie Saoudite, dont un prince du sang est devenu récemment champion des droits de la femme, se fait beauté pure et blanche et pour montrer qu’elle à compris le message de l’Amérique, elle rompt ses relations diplomatiques avec le Qatar.

Le jeune émir Qatari de 37 ans soutient les frères musulmans dans leur avancée politique au sein du monde musulman. Cela passe bien entendu par le financement de mouvements terroristes aussi bien que d’actions humanitaires comme des restos du cœur islamiques déguisés, jusque dans nos banlieues.

Les salafistes du royaume d’Arabie en font autant  sauf que le maitre de Washington a décidé que le Qatar devait être châtié pour sa complaisance avec l’Iran. Peu importe que les émirats voisins entretiennent avec elle de fructueuses relations commerciales ; il faut punir également Doha de son alliance avec la Turquie de Mr Erdogan et d’avoir soutenu l’Egypte de Morsi. Tout cela serait bien compliqué si la tornade blonde n’avait pas imposé l’Arabie Saoudite comme seul état à exercer son influence en terre moyen-orientale et championne de la lutte anti-terroriste. Il faut comprendre que le mot terroriste ne s’applique plus qu’a l’Iran et ses alliés. Les fautes des salafistes saoudiens sont désormais lavées et pardonnées. Le Qatar n’aura pas grande chose à craindre puisque les USA possèdent une énorme base américaine entretenue par la manne pétrolière qatarie.

La diplomatie américaine dont on ne saurait nier la qualité ni l’efficacité vient sans changer d’un iota sa politique, de marquer un point sur le tsar Poutine. On croyait l’aigle affaiblit, le voilà renaissant et prompt au Buzz. Au cours de son premier vol il a ruiné l’espoir européen de d’une issue négociée aux conflits de la zone et enrichit son complexe militaro-industriel. L’Europe risque d’avoir fort à faire avec cet allié encombrant ; elle ferait bien de ne pas s’en contenter.  La chancelière allemande l’a déjà bien compris ; il faudra que le nouveau président français se garde de nouer les liens d’asservissement que son prédécesseur avait tissés en croyant faire briller un blason passablement terni.

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